Je ne comprends pas la politique actuelle de lutte contre l’obésité

Je ne comprends plus la politique actuelle autour de la lutte contre l’obésité.
On en parle sans arrêt. On organise des campagnes, on multiplie les slogans, on invite des influenceurs à “sensibiliser” sur l’importance de bien manger. Mais quand on regarde de plus près, tout tourne en rond.
Et surtout, rien ne change vraiment.

Le discours public reste simpliste

Les politiques de santé publique ont souvent besoin de messages courts et « clairs » du type : « mangez 5 fruits et légumes par jour » ou « bougez plus ».
Sauf que ces messages réduisent l’obésité à une question de volonté individuelle, comme si tout se jouait dans l’assiette ou le sport. On parle alors de “malbouffe” ou de “régime” parce que c’est visible, facile à comprendre et politiquement valorisant.

Parler des vraies causes dérange

Les TCA, la précarité, certains médicaments, les traumatismes, ces causes remettent en question le système économique (inégalités, accès à la nourriture, conditions de travail, etc.) ; c’est beaucoup plus difficile à admettre que “manger trop gras, trop sucré, trop salé”. Sans oublier les lobbies !

Par exemple entre 2022 et 2024, les prix ont fortement augmenté, surtout sur :

  • fruits et légumes
  • viande, poisson
  • produits laitiers
  • huiles, œufs

Ce sont précisément les produits associés à une alimentation saine. Et de l’autre le nombre de fast food continue d’augmenter.

La société reste marquée par la grossophobie

Il y a encore une vision morale du corps : être mince = être discipliné, sain, méritant.
Être gros = avoir “échoué” à contrôler son corps.
Ce biais grossophobe alimente les politiques qui visent à “corriger” les corps plutôt qu’à comprendre ce qu’ils vivent. On met en avant les régimes et la perte de poids, plutôt que la santé globale ou le bien-être psychique.

Soit mince et tait toi, peut importe le prix à payer, voila ce que cela me renvoi.

On ne fait pas de prévention globale

Les campagnes oublient souvent :

  • la santé mentale, le stress, les violences subies,
  • les effets secondaires de certains traitements,
  • le lien entre obésité et pauvreté,
  • le rôle du sommeil, de l’environnement, de la charge mentale, etc.

Tout cela demande une approche transversale

L’accès au soin

La grossophobie est malheureusement aussi présente dans le milieu médical. La peur, la honte et le jugement pèsent lourdement sur les patients, qui finissent par éviter les soins.
Comment parler de prévention ou de santé publique quand les personnes concernées ne se sentent pas en sécurité dans les cabinets médicaux ?

L’accès à un soin diététique de qualité est aussi un énorme problème.
Les consultations ne sont pas remboursées, donc inaccessibles pour une grande partie de la population.
Et même quand les gens peuvent consulter, la prise en charge n’est pas toujours adaptée : la formation des professionnels reste insuffisante, notamment sur les troubles du comportement alimentaire, les déterminants sociaux, le traumatisme ou la relation à l’image corporelle.

Les médecins, eux, manquent de temps et de formation sur le sujet.
Les diététiciens, qui pourraient jouer un rôle central, peinent à être reconnus à leur juste place.
C’est tout un système de soins qui est mal structuré et sous-valorisé.

La manière de transmettre l’information est essentielle

On oublie aussi un point crucial : ce n’est pas seulement ce qu’on dit qui compte, mais comment on le dit.
Oui, les études montrent qu’une alimentation équilibrée et adaptée en quantité a un impact sur la santé.
Mais se contenter de répéter “mangez moins” ou “faites attention” n’a jamais suffi.
Chez certaines personnes, ces messages simplistes peuvent même renforcer la restriction cognitive, créer de la frustration et mener directement à l’échec.

C’est précisément pour cela que les diététiciens existent. Pour adapter le discours, comprendre le contexte, accompagner sans juger, proposer un autre chemin quand le premier ne fonctionne pas. Pour aider les gens à avancer sans culpabilité, sans pression, sans les mettre en échec. Le rôle d’un diététicien, c’est d’être un traducteur : traduire la science en solutions humaines, réalistes, respectueuses du vécu de chacun.

Mais tant que ce métier ne sera ni reconnu, ni financé, ni mis au centre des politiques de santé publique, on continuera à transmettre des messages qui ne correspondent pas aux besoins des personnes.

Conclusion

Et au final, malgré les slogans et les campagnes, l’obésité continue d’augmenter.
Pas parce que les gens “ne font pas d’efforts”, mais parce que le système ne change pas sa façon de faire.
On répète les mêmes messages culpabilisants depuis des années, sans jamais repenser le fond : la formation, l’accès au soin, la lutte contre la grossophobie, la prise en compte du contexte social, psychique et médical.

C’est beaucoup de blabla pour peu de résultats.
Et tant qu’on ne changera pas en profondeur la manière de penser et d’agir, on ne luttera pas contre l’obésité, on ne fera que la commenter.

Et cette obstination me rappelle immédiatement toutes les personnes qui s’accrochent à un régime. Elles essaient, réessaient, recommencent encore, malgré les échecs successifs, malgré la souffrance, malgré le fait que ça ne marche pas sur le long terme. Parce qu’on leur a martelé que “c’est la solution”, même lorsque ça les abîme.
Les politiques actuelles font exactement la même chose : elles s’acharnent à répéter un modèle qui échoue, sans jamais questionner la méthode, ni écouter ceux qui vivent la réalité de l’obésité au quotidien.
Quand un chemin ne fonctionne pas, il ne faut pas s’y obstiner. Il faut oser en essayer un autre. Changer de stratégie, changer de posture, changer de regard. C’est vrai pour les individus. Ça devrait l’être aussi pour les politiques publiques.

Et bien sûr, tout cela n’enlève rien à l’importance d’apprendre à bien manger.
L’alimentation compte, c’est indéniable. Comprendre ce qu’on met dans son assiette, apprendre à écouter ses sensations alimentaires, trouver un équilibre… tout cela a un rôle réel dans la santé.


Christine Savalli 🍒 Une diététicienne qui vous veut du bien 😌
Alimentations végétales, Comportement alimentaire et Fertilité
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Christine Savalli
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