Le business de la minceur

Un marché énorme et lucratif

Le business de la minceur génère des milliards chaque année. Il englobe :

  • Les régimes alimentaires (programmes type Weight Watchers, etc.)
  • Les produits minceur (shakes, gélules, brûleurs de graisse…)
  • Les coachings sportifs et nutritionnels
  • Les applis de suivi (MyFitnessPal, Yazio…)
  • La chirurgie esthétique (liposuccion, cryolipolyse, etc.)
  • Les influenceurs bien-être/fitness
  • Les livres, séminaires, retraites « détox »

Le business de la minceur représente plusieurs dizaines de milliards d’euros chaque année à l’échelle mondiale. En France, à lui seul, le marché des produits et services liés à la perte de poids pèse plusieurs milliards. C’est un secteur qui ne connaît quasiment pas la crise, car il repose sur une promesse simple et puissante : celle de changer son corps pour accéder à une vie meilleure.

Les acteurs sont nombreux : grandes marques de régimes (comme Weight Watchers ou Comme J’aime), laboratoires vendant compléments alimentaires et gélules “brûle-graisse”, cliniques de médecine esthétique, coachs sportifs, nutritionnistes, applications de suivi, influenceurs bien-être… Tous profitent d’un désir collectif de minceur, soigneusement entretenu par des campagnes publicitaires ciblées, souvent culpabilisantes, qui transforment une norme esthétique en impératif de santé.

Le génie (et la cruauté) de cette industrie, c’est qu’elle vend une solution tout en entretenant le problème. Les régimes restrictifs mènent souvent à une reprise de poids avec l’effet yoyo… mais plutôt que de remettre en cause le système, on culpabilise l’individu : “tu n’as pas été assez motivé·e, tu n’as pas tenu, il faut recommencer”. Et l’engrenage repart.

Dans cette logique, le corps devient une source de profit. Il faut le sculpter, le surveiller, le corriger, l’évaluer, le rentabiliser. Et tant que les normes esthétiques resteront aussi rigides, le marché de la minceur continuera à prospérer sur les doutes, les complexes et les injonctions.

Une promesse de transformation… souvent illusoire

Ce marché joue beaucoup sur les insécurités : minceur = beauté = réussite = bonheur. Sauf que :

  • 95% des régimes échouent sur le long terme.
  • Le yoyo pondéral est courant, et peut être dangereux.
  • Beaucoup de produits n’ont aucune base scientifique.
  • C’est souvent culpabilisant, surtout pour les femmes.

Le cœur du business de la minceur repose sur une idée très vendeuse : changer de corps, c’est changer de vie. Les publicités, les avant/après retouchés, les témoignages spectaculaires nous vendent plus qu’une perte de poids : ils promettent la confiance en soi, l’amour, la réussite professionnelle, le bonheur. Le corps est présenté comme un obstacle à notre épanouissement et la minceur comme la clé de tout.

Mais cette promesse est rarement tenue. Les études montrent que la majorité des régimes échouent à long terme : environ 80 à 95 % des personnes reprennent le poids perdu, voire davantage, dans les années qui suivent. Ce n’est pas un manque de volonté : c’est un mécanisme biologique de survie. Le corps résiste à la restriction, ralentit son métabolisme, stocke davantage… C’est lui qui se défend.

Pire encore, cette quête de minceur à tout prix peut générer des troubles du comportement alimentaire, une obsession du contrôle, une haine de soi ou une spirale d’échecs et de culpabilité. Au lieu d’améliorer la qualité de vie, ces programmes peuvent abîmer la relation au corps, à la nourriture, et à soi-même.

Et même quand la perte de poids est au rendez-vous, elle ne garantit pas l’épanouissement promis. Car la société impose de nouveaux standards : une fois mince, il faut être ferme, sculpté·e, tonique, sexy… L’objectif recule toujours un peu plus, entretenant une insatisfaction permanente.

Au fond, le vrai problème n’est pas le corps. C’est le regard qu’on porte sur lui, façonné par des décennies d’injonctions esthétiques et de normes inaccessibles. Le business de la minceur ne vend pas une solution durable : il vend une illusion, au prix fort.

Une pression esthétique genrée

Les femmes sont les principales cibles de ce marché. Dès l’adolescence, voire l’enfance, on leur inculque que leur valeur passe par leur apparence. Résultat :

  • TCA (troubles du comportement alimentaire)
  • Faible estime de soi
  • Dépenses énormes pour “réparer” un corps qui n’a jamais eu besoin de l’être

Dans le business de la minceur, tout le monde est concerné — mais tout le monde n’est pas visé de la même manière. Ce marché cible majoritairement les femmes, et ce n’est pas un hasard : dans nos sociétés, le corps féminin est soumis à une surveillance constante, à la fois sociale, culturelle et économique.

Dès l’adolescence, les femmes apprennent que leur corps est un « projet » à améliorer. Trop gros, trop mou, pas assez tonique, pas assez lisse, pas assez jeune : chaque défaut devient un argument de vente. L’industrie cosmétique, les magazines, les publicités, les réseaux sociaux — tous participent à l’entretien de cette norme inaccessible où la valeur d’une femme est trop souvent liée à son apparence.

La minceur, dans ce système, devient synonyme de contrôle, de volonté, de beauté, voire de moralité. Une femme mince est perçue comme disciplinée, désirable, digne. À l’inverse, prendre du poids peut être vu comme un échec, une faute, un laisser-aller. Cette pression génère du stress, de la honte, une obsession du corps qui détourne l’attention et l’énergie de milliers de femmes, chaque jour.

Et pendant ce temps, l’industrie prospère. Elle crée un problème (ne pas être « conforme »), puis vend la solution — shakes, régimes, soins, opérations, applis, vêtements gainants… Le corps féminin devient un marché à lui seul.

Mais cette pression n’est pas naturelle : elle est culturelle, construite, et donc déconstruisible. De plus en plus de femmes refusent désormais d’y participer. Elles revendiquent le droit d’exister dans toutes les tailles, sans devoir se justifier, se cacher ou se transformer pour être acceptées.

L’essor des “solutions bien-être”

Avec la critique croissante des régimes stricts, on voit naître une tendance “bien-être” :

  • Rééquilibrage alimentaire
  • Approche intuitive
  • Healthy lifestyle
  • Développement personnel
  • Sport

Mais même ça est parfois récupéré par le marketing minceur, en mode « mince sans régime ».

Face aux critiques croissantes des régimes stricts et des diktats de la minceur, l’industrie s’est adaptée. Elle ne parle plus forcément de “perte de poids”, mais de “bien-être”, “détox”, “équilibre”, “mode de vie sain”. C’est l’ère du rebranding : on ne vend plus un corps mince, on vend une version améliorée de soi-même.

Les discours changent, mais les objectifs restent souvent les mêmes. Les programmes “healthy”, les applis de jeûne intermittent, les cures de jus ou les compléments “naturels” se positionnent comme des alternatives douces et bienveillantes… tout en promettant, en filigrane, une silhouette plus fine, une peau éclatante, une énergie retrouvée. Le corps reste au centre des préoccupations — simplement sous une forme plus “lifestyle”, plus Instagrammable, plus socialement valorisée.

Cette nouvelle approche brouille les pistes. Elle donne une illusion de liberté, mais continue d’entretenir une pression esthétique, plus insidieuse. Car se nourrir “correctement”, bouger son corps, boire des jus ou méditer chaque matin, ce n’est pas problématique en soi. Ce qui l’est, c’est quand tout cela devient une injonction, une norme, voire un devoir moral.

L’équilibre alimentaire et l’équilibre de vie est devenue un nouveau régime ou l’on ne doit pas craquer, avec des règles strict ou souvent non adaptés à soi.

On est passé de “je veux faire un régime” à “je veux faire un rééquilibrage alimentaire” — un message plus flatteur, mais souvent tout aussi épuisant. Et toujours rentable.

Mais il existe aussi un contre-courant sincère : celui de la réappropriation de son corps, sans objectif esthétique. De plus en plus de voix encouragent une approche centrée sur la santé physique et mentale au delà du poids, la connexion au corps et le respect de ses besoins réels. Une approche plus flexible et loin des injonctions à la performance ou à la perfection.

Et maintenant ?

Il y a un début de contre-courant :

  • Body positive / body neutrality
  • Déconstruction des normes corporelles
  • Luttes féministes contre l’objectification
  • Montée en puissance de comptes qui dénoncent l’arnaque des produits minceur

Alors, que faire face à une industrie aussi puissante, qui sait si bien se renouveler et se rendre désirable, même sous des discours de “bien-être” ou de “self-love” ? Comment naviguer dans un monde où l’image du corps est sans cesse manipulée, marchandisée, scrutée ?

La première étape, c’est peut-être de reprendre conscience. De voir que cette pression n’est pas individuelle mais collective, qu’elle ne vient pas d’un manque personnel mais d’un système construit pour qu’on doute de nous-mêmes. Remettre en question les normes, les récits dominants, les discours culpabilisants, c’est déjà résister.

Ensuite, chacun·e peut cheminer à son rythme vers une relation plus apaisée à son corps. Cela peut passer par l’écoute de ses sensations plutôt que des injonctions extérieures, par le refus des régimes, par la découverte du mouvement intuitif, ou tout simplement par le droit de ne pas penser à son apparence en permanence.

Et puis, il y a l’action collective. Suivre des comptes qui proposent d’autres représentations, soutenir les voix qui dénoncent ces violences ordinaires, parler entre ami·es, éduquer les plus jeunes… Ce sont des actes politiques, même s’ils semblent simples.

Le but est de se libérer un peu plus chaque jour, de ce que la société attend de nos corps. Pour vivre, ressentir, bouger, créer, aimer — sans devoir correspondre à un moule.

Conclusion

Le business de la minceur prospère sur une promesse de transformation physique souvent illusoire, alimentée par des normes esthétiques étroites et profondément ancrées, en particulier chez les femmes. Derrière les régimes miracles, les produits “détox” ou les programmes de coaching, se cache une industrie qui capitalise sur l’insécurité corporelle et entretient un idéal inaccessible.

Mais ce modèle commence à se fissurer. La parole se libère, les voix s’élèvent pour dénoncer l’impact psychologique de cette pression constante à mincir. Le corps cesse peu à peu d’être un projet à corriger pour devenir un espace à habiter. Résister au business de la minceur, c’est aussi reprendre du pouvoir sur sa vie, son image et sa santé. C’est refuser de réduire sa valeur à un chiffre sur une balance.

Il est temps de repenser notre relation au corps. L’évolution est en marche, portée par ceux qui refusent de laisser leur valeur être définie par une balance ou un idéal figé.


Christine Savalli 🍒 Une diététicienne qui vous veut du bien 😌
Spécialiste en Alimentations végétales, Fertilité et Comportement alimentaire.
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Christine Savalli

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