Saumon : Aliment sain ou piège pour notre santé ?

C’est le poisson le plus consommé en France, surtout pendant les fêtes de fin d’année. Son image d’aliment santé, riche en oméga-3, le rend incontournable dans beaucoup d’assiettes. Mais cette popularité a un prix…

Le saumon : intérêt nutritionnel

Omega 3

Le saumon est une excellente source d’oméga-3 (acides gras polyinsaturés), notamment l’EPA (acide eicosapentaénoïque) et le DHA (acide docosahexaénoïque), qui sont essentiels pour plusieurs fonctions corporelles comme la santé cardiaque, cérébral et inflammatoire. Les EPA et DHA sont deux types d’oméga-3, des acides gras polyinsaturés essentiels pour le bon fonctionnement du corps humain. Ils sont particulièrement abondants dans les poissons gras comme le saumon.

En plus des oméga-3, le saumon contient également des graisses saturées, mais en quantité modérée. Ces graisses, lorsqu’elles sont consommées avec parcimonie, peuvent faire partie d’une alimentation saine et équilibrée.

Protéine

Le saumon est une excellente source de protéines complètes, contenant tous les acides aminés essentiels nécessaires au fonctionnement du corps.
Ces protéines sont cruciales pour :

  • La construction et la réparation des tissus corporels.
  • Le maintien d’un système immunitaire.
  • La gestion du poids, car les protéines aident à maintenir la masse musculaire et favorise la satiété.

Nutriments

Le saumon est également source de plusieurs nutriments essentiels :

  • Vitamines B : En particulier la vitamine B12, qui est essentielle pour la production de globules rouges et le bon fonctionnement du système nerveux. Il contient aussi des vitamines B6 et B3, importantes pour l’énergie et le métabolisme.
  • Vitamine D : Le saumon est l’un des rares aliments d’origine animale qui contient de la vitamine D, un nutriment clé pour la santé des os et le système immunitaire. Il est particulièrement important pour les personnes vivant dans des régions avec peu de soleil.
  • Sélénium : Un minéral antioxydant qui protège les cellules du corps contre les dommages oxydatifs et soutient la fonction thyroïdienne.
  • Iode : Le saumon est aussi une bonne source d’iode, important pour le bon fonctionnement de la glande thyroïde.

Le saumon, source de perturbateurs endocriniens

La bioaccumulation

Les perturbateurs endocriniens sont des substances qui peuvent interférer avec le système hormonal du corps humain. Ces substances sont principalement issues de l’alimentation des poissons (pesticides, produits chimiques, plastiques) et de l’environnement des élevages (pollution de l’eau). Les perturbateurs endocriniens s’accumulent principalement dans la graisse des poissons, un phénomène connu sous le nom de bioaccumulation et biomagnification. Comme le saumon est un prédateur, il accumule les toxines de toutes ses proies dans son organisme. Les substances toxiques s’accumulent au fil du temps dans les tissus adipeux et ne sont pas éliminées.

Les perturbateurs endocriniens présents dans le saumon peuvent avoir des effets sur la fertilité, l’équilibre hormonal, le développement cérébral des enfants, et peuvent augmenter le risque de maladies comme le cancer du sein et les troubles métaboliques. En cause, des produits chimiques comme le PCB (polychlorobiphényles), le DDT ou des plastifiants.

Les saumons d’élevage sont nourris avec des farines de poissons qui peuvent être contaminées par ces substances. De plus, dans les élevages, les poissons sont exposés à des traitements pour lutter contre les parasites comme les poux de mer.

Les toxines du saumon

Les principaux contaminants retrouvés dans le saumon d’élevage sont :

  • Les PCB (polychlorobiphényles) : Ces substances chimiques, interdites depuis les années 2000, persistent dans l’environnement et s’accumulent dans la chaîne alimentaire. Elles peuvent perturber le système hormonal et augmenter le risque de certains cancers.
  • Les dioxines : Ce sont des polluants organiques persistants qui peuvent affecter le système immunitaire et endocrinien.
  • Les pesticides et métaux lourds (mercure, cadmium, arsenic) : Ces toxines proviennent principalement de la pollution marine et de l’alimentation des poissons d’élevage.
  • Les antibiotiques et autres médicaments : En élevage intensif, les saumons sont souvent traités avec des antibiotiques et des antiparasitaires (comme le diflubenzuron) pour lutter contre les maladies et les poux de mer.

Et le saumon sauvage ?

Même si les saumons sauvages peuvent contenir moins de perturbateurs endocriniens, ils ne sont pas exempts de contamination, car les polluants chimiques sont présents dans l’environnement marin. Cependant, la concentration de ces substances est généralement plus faible dans le saumon sauvage que dans celui d’élevage.

En 2005, environ 2 millions de tonnes de saumon ont été produites par les éleveurs de saumon, contre 0,9 million de tonnes issues de la pêche sauvage. En 2020, la production de saumon d’élevage a atteint près de 3 millions de tonnes.

L’impact environnemental de la production de saumon

L’élevage intensif de saumon

L’impact environnemental de la production de saumon est considérable, surtout en élevage intensif. Entre la pollution des eaux, la surpêche pour nourrir les saumons et la destruction des écosystèmes marins, ce poisson prisé cache une réalité bien moins idyllique.

Le saumon est un poisson carnivore. En élevage, il est nourri avec de la farine et de l’huile de poissons issues de la pêche industrielle. Pour produire 1 kg de saumon d’élevage, il faut pêcher 3 à 5 kg de poissons sauvages (anchois, sardines, harengs…). Cela aggrave la surpêche et met en danger les populations de petits poissons essentiels aux écosystèmes marins.

Les fermes d’élevage en mer sont souvent de véritables usines à poissons, concentrant des milliers d’individus dans un espace restreint. Les déjections et restes d’aliments polluent les eaux et favorisent la prolifération d’algues nuisibles. La propagation de maladies et parasites, comme les poux de mer peuvent contaminer les saumons sauvages. L’évasion de saumons d’élevage menacent les populations sauvages en transmettant des maladies et en modifiant la génétique des espèces locales.

Après l’évasion de 27 000 saumons d’une ferme aquacole, les autorités norvégiennes alertent sur les risques pour les saumons sauvages. Ce nouvel incident survient alors que la population de saumons sauvages est déjà en déclin.
France Info

L’utilisation d’antibiotiques et d’antiparasitaires ont également un impact non négligeable. Ces produits finissent par se disperser dans l’environnement et participent à l’apparition de bactéries résistantes aux antibiotiques et polluent les océans.

Le lien entre la demande et les impacts environnementaux du saumon

La forte demande mondiale pour le saumon, notamment dans les pays occidentaux, alimente des pratiques d’élevage intensif et de surpêche, avec de lourdes conséquences écologiques et sanitaires.

Le saumon est l’un des poissons les plus consommés au monde, notamment en Europe et en Amérique du Nord.

  • Sa popularité a explosé avec l’essor des sushis, poke bowls et plats préparés.
  • Il est souvent perçu comme un aliment santé, riche en oméga-3 et en protéines, ce qui encourage sa consommation fréquente.
  • Pendant les fêtes, notamment à Noël, la consommation de saumon atteint des records.

Pour répondre à cette demande, la production mondiale a dû s’adapter avec des méthodes d’élevage intensif, notamment en Norvège, au Chili et en Écosse.

Face à l’impact des élevages en mer, certaines entreprises développent des fermes terrestres en circuit fermé.

  • Objectif : Éviter la pollution marine et limiter l’utilisation de traitements chimiques.
  • Problème : Ces installations nécessitent énormément d’énergie et d’eau douce, soulevant d’autres questions environnementales.

La pression exercée par la consommation excessive de saumon entraîne un cercle vicieux de production intensive.

Conseils pratiques pour un changement de consommation

Face aux enjeux environnementaux et sanitaires liés à la surconsommation de saumon, voici des alternatives et des solutions concrètes pour mieux choisir ses sources d’oméga-3 tout en limitant son impact écologique.

Manger du saumon de façon occasionnelle et non systématique permet de réduire la pression sur l’élevage intensif et l’environnement. Notamment à Noël où la demande peut être forte.

Au lieu du saumon, privilégiez des poissons plus petits qui seront moins pollués. Ils nécessitent également moins de ressources pour leur production :

  • Truite : poisson d’élevage plus local (français), souvent mieux contrôlé que le saumon d’élevage intensif.
  • Maquereau, sardine, hareng : riches en oméga-3, ces poissons sont souvent issus de pêches plus durables et présentent moins d’accumulation de toxines.
  • Poissons labellisés : privilégier les labels MSC (pêche durable) et ASC (élevage responsable) pour limiter l’impact sur l’environnement.

Les EPA et DHA, les formes actives d’oméga-3, sont principalement présents dans les poissons gras. Cependant, il est possible d’en obtenir à partir de sources végétales :

  • Graines de lin et graines de chia : riches en ALA (acide alpha-linolénique), précurseur des EPA/DHA.
  • Huile de colza et de lin : excellentes sources d’oméga-3 pour un usage quotidien.
  • Algues : certaines micro-algues sont directement riches en DHA et constituent une alternative végétale intéressante (compléments alimentaires ou sous forme d’huile).

Il existe également plusieurs alternatives végétales qui imitent le goût et la texture du saumon tout en étant riches en nutriments :

Certaines marques proposent des substituts de saumon à base de plantes ou possibilité de faire des recettes maison :

  • Solmon (Veganz, Odontella, Revo Foods) : alternatives à base d’algues et de protéines végétales, riches en oméga-3.
  • Toona (Good Catch) : alternative végétale au thon qui peut être utilisée en remplacement du saumon dans certaines recettes.
  • Recette maison à base de carottes marinées façon gravlax : souvent utilisés pour remplacer le saumon fumé.

Un petit changement, un grand impact

Plus la demande en saumon augmente, plus l’élevage intensif et la surpêche s’intensifient, entraînant des impacts environnementaux majeurs : pollution des eaux, souffrance animale et surexploitation des ressources marines. Face à ces enjeux, adopter une consommation plus raisonnée et diversifiée est une solution concrète pour limiter ces effets.

En diversifiant votre alimentation et en choisissant des options plus responsables, vous participez activement à la préservation de l’environnement, tout en préservant votre santé et le bien-être animal.


Christine Savalli 🍒 Une diététicienne qui vous veut du bien 😌
Spécialiste en Alimentations végétales, Fertilité et Comportement alimentaire.
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Christine Savalli

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