Si la médecine allopathique à beaucoup d’avantage, elle reste néanmoins pas sans défauts. Il me parait important en tant que professionnel de santé de toujours se remettre en questions. Cela permet d’améliorer nos prises en charges et d’essayer d’avoir un système de santé le plus juste pour tous. Voici ce que je reproche à la médecine allopathique.
1. Le temps limité des consultations médicales
Les consultations sont souvent trop courtes et ne permettent pas toujours d’explorer en profondeur les problématiques du patient. En moyenne un rendez-vous chez un medecin traitant dure 15 mins paiement inclus. Difficile de prendre le temps nécéssaire et de ne pas avoir l’impression d’être expédier en tant que patient. Selon la ou les problématiques de la personne, la durée du rendez-vous va plus ou moins convenir.
Lorsque l’on est malade, on est souvent inquiet. On a besoin de temps en consultation avec le praticien pour pouvoir parler.
Certains médecins remédient à ce problème en proposant un rendez-vous de 15 mins par problématique. D’autres préfèrent prendre le temps quitte à être en retard. Chacun fait en fonction de ses possibilités et désirs. D’autres préfèrent respecter l’heure pour pouvoir se reposer et avoir du temps en dehors du travail (vie de famille). La santé du soignant est aussi importante
2. L’écoute insuffisante par les soignants
Un patient à toujours besoin d’être écouté, qu’on réponde à ses interrogations, d’avoir toutes les explications nécessaires à sa situation. Sortir d’un rendez-vous sans avoir pu tout dire est très agaçant. Le professionnel peut passer à coté de chose importante dans la vie de la personne.
L’absence d’écoute dans certains contextes médicaux peut être frustrante et même contre-productive. Les patients se sentent alors négligés ou réduits à leurs symptômes. Cela peut altérer leur confiance dans le soignant et même influencer leur adhésion aux traitements proposés.
L’écoute est la base du soin. Elle permet non seulement de comprendre les besoins physiques et émotionnels des patients, mais aussi d’établir une relation de confiance.
Une écoute active et empathique améliore la qualité de la prise en charge et aide les patients à se sentir considérés.
Le manque d’écoute vient bien souvent d’un timing à respecter et aux nombres de patients par jours (lié aux manques de soignants). On retrouve également une charge de travail très importante avec des journées surchargés ( consultations, administration, formations,…). Cela réduit la disponibilités mentales et émotionnelles auprès des patients. On peut également remettre en cause la formation ( à titre personnelle je n’ai pas rencontré cette problématique au cours de mes stages et études). Le burnout ou un excès d’exposition à des situations stressantes peuvent également altérer la capacité d’un soignant à être pleinement présent pour le patient.
3. Un manque d’explications sur les traitements et la pathologie du patient
Les patients peuvent ressentir une frustration face à un manque de clarté concernant leur état de santé, les examens réalisés, ou les choix thérapeutiques. Certains patients peuvent parfois arriver en consultation diététique sans aucune explication sur leur pathologie et le traitement. Certains découvrent leur diagnostic à travers leur traitements. D’autres ne sont pas mise au courant des effets secondaires possibles du traitements (cela reste assez rare de mon vécu).
L’explication est à mon sens la base pour que le patient soit autonome et puisse être acteur de son parcours de soin.
4. L’influence des industries pharmaceutiques sur le système de santé
Les visites des représentants pharmaceutiques peuvent nourrir des doutes sur l’impartialité des prescriptions, bien que cette pratique soit encadrée. Les liens d’intérêts sont présent dans le domaine de la santé.
Il est encourageant de constater que de nombreux professionnels de santé prennent aujourd’hui des mesures pour préserver leur indépendance et leur éthique.
Refuser les visites des délégués médicaux dans les cabinets est une manière pour certains praticiens de s’assurer que leurs décisions cliniques restent centrées sur les besoins des patients. Cela reflète aussi une prise de conscience de l’importance de la transparence et de l’objectivité dans les choix thérapeutiques.
Les laboratoires pharmaceutiques investissent massivement dans la promotion de leurs produits. Que cela soit auprès des médecins et autres professionnels de santé via des délégués médicaux, des échantillons gratuits ou des congrès sponsorisés. Cela peut influencer les prescriptions, même de manière inconsciente, et orienter les choix thérapeutiques vers des produits commercialisés. Une grande partie de la recherche clinique est financée par les laboratoires eux-mêmes. Des biais dans la conception, l’interprétation ou la publication des résultats peuvent apparaitre. Les formations proposées par les laboratoires peuvent orienter les traitements et compléments alimentaires qui servent leurs intérêts (par exemple les formations en micro-nutrition).
Les déclarations obligatoires de conflits d’intérêts pour les professionnels de santé ou les chercheurs sont un premier pas. En France, le site Transparence Santé permet de consulter les relations entre laboratoires et soignants. Le financement public ou indépendant de la recherche reste une solution essentielle pour garantir des résultats impartiaux.
5. Le manque d’informations vulgarisées en science et en santé
Pas assez d’efforts sont faits pour expliquer clairement aux patients les bases des traitements, des pathologies ou des avancées de la recherche médicale. Cela c’est particulièrement vu pendant la période du covid où la population n’a pas eu accès facilement à de l’informations scientifiques claire et accessible. Le système de santé est complexe et la science aussi.
La communication entre le domaine scientifique/médical et la population générale reste souvent insuffisante. Pendant la pandémie de COVID-19, cela a été particulièrement flagrant. Beaucoup de personnes se sont retrouvées confrontées à des informations contradictoires ou mal vulgarisées. Ce qui peut générer de la méfiance, des incompréhensions et parfois des comportements à risque. Les concepts comme la méthodologie des essais cliniques, les biais ou les méta-analyses ne sont pas intuitifs pour la majorité des gens. Pourtant, ces notions sont essentielles pour comprendre pourquoi un médicament est recommandé ou pourquoi une mesure de santé publique est mise en place. Un effort plus large doit être fait pour que chaque interaction avec le système de santé devienne une opportunité d’apprentissage.
Il est injuste de reprocher à une population de ne pas comprendre lorsque personne n’a pris le temps d’expliquer. Vulgariser et éduquer sont des actes de prévention essentiels.
6. L’exploitation des étudiants et internes en médecine
Les étudiants en médecine en France font face à des taux alarmants de souffrance mentale. Selon plusieurs études, environ 27 % des étudiants en médecine souffrent de symptômes dépressifs majeurs, et près de 8 % ont des idées suicidaires au cours des 12 derniers mois. Ces chiffres sont bien plus élevés que ceux observés chez les étudiants d’autres filières ou dans la population générale. En outre, près de 30 % des étudiants en médecine ayant exprimé des idées suicidaires utilisent des anxiolytiques pour faire face à leur stress et leur anxiété.
Les internes sont particulièrement touchés par ces problèmes de santé mentale, avec des taux de burn-out et de dépression qui continuent d’augmenter. Cette situation est largement liée à des conditions de travail particulièrement exigeantes. Des horaires de garde excessifs et des responsabilités écrasantes pèsent lourdement sur leur bien-être.
Les internes de France travaillent en moyenne 58,4 heures par semaine. Ce chiffre dépasse de dix heures le maximum légal de 48 heures fixé par l’Union européenne et par le décret de 2015 sur le temps de travail des internes.
On ne peut pas espérer une médecine de qualité quand on demande à des internes, pour des salaires inférieurs au SMIC horaire, de travailler 24 heures consécutives avec des semaines dépassant les 60h par semaine juste sur le lieux de stage (cela signifie que le travail réalisé en dehors du stage ne sont pas prise en compte). Aucun autre domaine n’exige un tel investissement. Les conséquences sur la santé des soignants sont là, avec en plus, la vie des patients en jeu.
Il est impératif de revoir ces conditions de travail et d’offrir un soutien réel aux étudiants et jeunes médecins.
7. Le manque de remboursement de certains soins médicaux et paramédicaux
L’accès aux soins, notamment en psychothérapie, consultations diététiques ou autres pratiques paramédicales, reste insuffisamment couvert par la Sécurité sociale en France. Cette situation est particulièrement préjudiciable pour les populations précaires, qui sont souvent celles qui en ont le plus besoin. En effet, de nombreuses personnes confrontées à des difficultés économiques n’ont pas les moyens de financer certains soins. Cela accentue les inégalités d’accès aux soins de santé, déjà marquées dans notre système.
La prise en charge des soins de santé mentale, comme la psychothérapie, reste un point de friction majeur. Alors que ces soins sont essentiels pour de nombreuses personnes, particulièrement en période de crise sociale ou économique, la couverture inexistante de la Sécurité sociale oblige beaucoup de patients à renoncer à ces soins nécessaires.
8. Le manque de professionnels de santé sur tout le territoire français
Les déserts médicaux et la pénurie de soignants compliquent de plus en plus l’accès aux soins. De nombreuses zones, en particulier rurales, connaissent un manque de professionnels de santé. Qu’il s’agisse de médecins, de kinésithérapeutes ou d’infirmières par exemple. Cette situation entraîne des délais de prise en charge plus longs et parfois l’obligation pour les patients de se déplacer sur de longues distances pour consulter. Les soignants existants peinent à répondre à une demande croissante. C’est parfois des thérapeutes alternatives qui vont venir soutenir plus ou moins efficacement les personnes dans le besoin aidé par les maires qui ne savent plus comment attirer les médecins pour leur population.
Comment ce soigner correctement quand prendre un rendez-vous chez un médecin traitant ou spécialiste devient impossible ? Je me souviens encore de la fois ou une secrétaire m’a dit d’aller aux urgences pour un arrêt de travail pour mon conjoint. Nous venions tout juste de déménager et aucun médecins ne prenaient de nouveaux patients. Mon conjoint à finit par prendre une journée de congé plutôt que d’aller encombrer les urgences pour un motif non grave (c’était en région parisienne).
9. La difficulté de collaboration avec certains médecins pour les paramédicaux
Les professionnels paramédicaux, comme les diététiciens, les aides-soignants, rencontrent parfois des obstacles dans leur reconnaissance au sein du système de santé. Ce manque de valorisation se manifeste souvent par une communication insuffisante entre ces professionnels et les médecins. Cela qui peut entraîner des malentendus ou une hiérarchisation des rôles. Certains médecins, malgré l’importance de la collaboration interprofessionnelle, peuvent adopter une attitude de supériorité envers les paramédicaux. Sous-estimant leur expertise et leurs contributions essentielles au soin global du patient. D’autres ne connaissent tout simplement pas nos compétences et nous devons leur montrer noter utilités pour ensuite collaborer de manière efficace avec eux.
Cette situation crée une dynamique de travail difficile. L’impact du travail des paramédicaux n’est pas toujours pris en compte de manière équitable. Une meilleure collaboration, avec une reconnaissance mutuelle, pourrait améliorer non seulement l’efficacité des soins, mais aussi le bien-être des soignants et des patients. Pour cela, il est crucial d’encourager une culture de respect et de communication ouverte dans les équipes de soins.
10. La difficulté de la critique constructive entre professionnels de santé
Dans de nombreuses professions de santé, il existe des règles déontologiques ou des codes de conduite qui encouragent la collaboration, la solidarité et le respect mutuel entre les praticiens, tout en interdisant de mettre en lumière des différends ou des erreurs dans le cadre professionnel. Ces règles visent à protéger l’image de la profession, à maintenir la confiance des patients et à garantir une prise en charge optimale.
Par exemple, les infirmiers et infirmières, au sein de leur code de déontologie, doivent également maintenir une attitude de respect et de soutien mutuel, et doivent éviter toute critique publique ou divisive entre collègues. De même, les dentistes sont soumis à des règles similaires, qui les incitent à agir avec intégrité et à défendre l’éthique professionnelle de leur confrérie.
Dans ces différents secteurs, la préservation de l’image collective de la profession est souvent jugée primordiale, bien que des discussions plus ouvertes sur la critique professionnelle commencent à émerger dans certains contextes. Ces principes de solidarité ne doivent cependant pas faire obstacle à la remise en question nécessaire des pratiques et des erreurs pour protéger les patients et améliorer les soins, une réflexion qui devient essentielle dans un système de santé en constante évolution.
Article 56 (article R.4127-56 du code de la santé publique) Les médecins doivent entretenir entre eux des rapports de bonne confraternité. Un médecin qui a un différend avec un confrère doit rechercher une conciliation, au besoin par l’intermédiaire du conseil départemental de l’ordre. Les médecins se doivent assistance dans l’adversité.
La médecine allopathique, un système de santé imparfait
Comment construire un système de santé plus humain, à la fois pour les soignants et les
patients ?
Le bien-être au travail et la formation des soignants ne devraient pas être relégués au second plan, car ce sont eux qui sont au cœur de la qualité des soins. Si nous voulons un système de santé durable et efficace, il est impératif d’agir sur ces leviers.
Notre système de soins, bien qu’il soit l’un des plus performants sur de nombreux aspects, reste imparfait. Il fait face à des défis structurels, organisationnels et humains qui impactent à la fois les professionnels de santé et les patients. Les défis liés à l’accessibilité, à la reconnaissance des différents acteurs de santé, à la prévention ou encore à la coordination des soins témoignent d’un besoin d’évolution constante. Ces failles ne doivent pas être perçues comme une fatalité, mais plutôt comme des opportunités de réflexion et d’amélioration. En prenant conscience de ces limites et en adoptant une approche collaborative entre professionnels, institutions et patients, nous pouvons contribuer à construire un système de santé plus équitable, efficace et humain.
Parce que la santé est l’affaire de chacun, faisons entendre nos voix pour bâtir un système plus humain et plus juste.
Pour aller plus loin
Pour connaitre les reproches que je fais à la médecine dite naturelle
Source :
Christine Savalli 🍒 Votre Diététicienne Nutritionniste
Diététique Comportementale, Végétarisme, Végétalisme, Fertilité
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